Grace O’Malley, reine et pirate (1530-1603)
Elle était connue sous le surnom gaélique Granuaile ou Grace sans cheveux. Son histoire a débuté il y a un demi-millénaire lorsqu’à l’âge de onze ans elle a demandé à son père Owen O’Malley, navigateur, de la laisser participer à sa prochaine expédition. A cause de ses longs cheveux roux, cela lui a été refusé. Sa longue chevelure rousse risquait de se prendre dans les cordages du bateau. Elle prit alors la décision de se raser la tête avant de rejoindre son père.

Cette Irlandaise la plus téméraire a vu le jour en 1530 à Westport, dans le comté de Mayo, le troisième plus grand comté du pays qui en compte vingt-six. Elle s’est querellée avec la reine Élisabeth Ire, s’est rebellée contre l’armée anglaise et durant plusieurs dizaines d’années a été aux commandes de navires qui n’ont pas hésité à piller les océans voisins de l’Irlande. Ses navires ont accosté sur les plages de la baie de Clew. Actuellement on peut encore voir ses manoirs sur Clare Island et Achill et le château de Rockfleet près de Newport. L’abbaye de Murrisk au pied de Croagh Patrick, prieuré du 15e siècle, a également été construit par les O’Malley et, depuis très longtemps, attire des pèlerins catholiques.

Granuaile’s Castle – Clare Island

Granuaile’s Tower, Achill Island

Murrisk Abbey
L’auteure irlandaise Anne Chambers explique qu’au 16e siècle l’Irlande était divisée en 40 clans gaéliques, des dynasties qui se partageaient la nation et se disputaient souvent des terres ou des richesses. Certains de ces clans acceptaient l’autorité de l’Angleterre qui avait pris le contrôle de l’Irlande en 1541. D’autres en revanche, comme les O’Malley, s’opposaient farouchement à cette occupation étrangère. À l’époque, être à la tête d’un clan était une activité à la fois dangereuse et politiquement complexe.
A la mort d’Owen O’Malley dans les années 1560, Granuaile lui succéda en tant que chef de clan et grâce à ses connaissances navales et tactiques militaires incultuées par son père elle prit le commandement de deux galères, vingt navires et plus de deux cents hommes sur l’océan Atlantique près du comté de Mayo.
C’est depuis le pont d’un bateau qu’elle criait ses ordres aux hommes qui étaient sous sa gouverne. Même enceinte ou juste après avoir accouché en 1567, elle a prêté main forte à son équipage pour repousser l’assaillant.

Grâce à Granuaile, le clan O’Malley s’est enrichi par le commerce, la pêche et la piraterie. Elle s’est également distinguée d’autres femmes de l’Histoire par sa capacité de commander en mer. Gagner sa vie en mer le long de la côte irlandaise demandait courage et compétences. Chaque navire anglais osant s’aventurer dans les eaux du comté de Mayo était pillé. En 1577, elle fut emprisonnée durant deux ans mais cela ne l’a pas calmée. Dès sa libération elle n’a pas hésité à entraîner à plusieurs reprises son armée dans des révoltes sanglantes contre les Anglais qui essayaient de s’emparer du territoire de sa famille.
Granuaile n’a jamais cessé d’étonner le monde puisqu’elle demanda une audience à la reine Élisabeth I après qu’un de ses fils fut tué par un rival et qu’un deuxième fut enlevé et qu’elle se fut emparée d’un navire anglais. De nombreux pirates avaient déjà été à Londres mais bon nombre avaient été exécutés sur les docks de Wapping au bord de la Tamise, lieu où pirates, contrebandiers ou mutins étaient condamnés à mort. Leurs corps étaient abandonnés à leur balancier au-dessus de la Tamise.
Intriguée par Granuaile, la Reine Élisabeth lui accorda une audience rarissime au palais de Placentia, construit à Greenwich en 1447 par Humphrey de Lancastre.

Notre pirate ne s’est pas laissée impressionnée par la Reine et ne s’est pas sentie inférieure à la royauté anglaise. Elle avait une revanche à prendre et des arguments à faire entendre. Elle était la reine des mers, avait accédé à la richesse et au pouvoir par son audace, son intrépidité et ses actes. L’histoire dit que Granuaile a quitté la Reine la tête haute : elle avait obtenu la libération de ses proches et reçut la permission de poursuivre ses activités marine en toute insolence.

En reconnaissance, elle accepta de mettre un terme à sa rebellion contre les forces anglaises.
Elle mourut au château de Rockfleet sis sur les rives de la baie de Clew à quelques kilomètres de Newport. Pour des raisons de sécurité, ce château de quatre étages construit au 16e siècle ne peut plus être visité. Quatre siècles après sa mort, Granuaile qui aux yeux de ses adversaires était une “traîtresse notoire” et une “nourricière de rebelles”, est, aux yeux de nombreux Irlandais, une légende vivante.

Rockfleet Castle, 2019

Rockfleet Castle, 2023
Si aujourd’hui Granuaile fait partie du programme d’Histoire de l’école publique irlandaise, qu’elle fait l’objet d’articles, de livres, et documentaires et de pièces de théâtre, cela est dû au travail de l’auteure Chambers qui a publié sa biographie en 1979 Granuaile: Ireland’s Pirate Queen. Chambers mentionne également que Granuaile était un exemple vital d’émancipation de la femme. “En brisant les frontières et les préjugés liés au genre, dans une période d’immense instabilité politique et sociale, Grace O’Malley a réécrit les règles pour devenir l’une des premières féministes au monde.
Le Conseil du comté de Mayo et l’agence nationale de tourisme de la République d’Irlande vont développer une route touristique consacrée à Granuaile. Les visiteurs pourront bientôt, guidés par des panneaux à travers la campagne, rallier les sites qui ont marqué l’histoire de la célèbre pirate. Ce sera un hommage à une femme qui comptait « parmi les derniers chefs de file irlandais à s’être opposés à la main mise de la Grande-Bretagne sur l’Irlande. »
Abbaye Urlaur de Kilkelly
Dédiée à Saint Thomas, elle fut fondée en 1430 par le P. William Nangle et le P. Thomas O’Grogan après avoir obtenu l’autorisation du Pape Eugène IV. Elle se situe sur les rives du lac Urlaur qui, isolée, attirait les frères dominicains qui venaient de tout le Connacht pour passer leur vie en suivant strictement les règles de leur ordre. Les Dominicains doivent leur nom à leur fondateur Saint Dominique né en Espagne en 1170 et qui a choisi une vie de pénitence et de pauvreté. Les prédicateurs qu’il choisit ont été envoyés dans les villes ayant des universités ou des centres d’enseignement. Ils arrivèrent à Dublin en 1224 et étaient connus sous le nom d’Ordre des frères prêcheurs. L’Ordre s’est répandu à travers le pays et y a formé des communautés et des églises.
L’abbaye possédait plusieurs bâtiments : cuisines, réfectoire, hangar à bateaux au cas où une évasion rapide se serait révélée nécessaire. Le dortoir des frères se trouvait « à l’étage ». L’église de forme rectangulaire avec trois arcs gothiques avait une ouverture où les lépreux pouvaient écouter la messe tout en se reposant.
En 1698 les frères ont fui l’abbaye à cause des lois pénales. Bien qu’aujourd’hui en ruines, habitants et visiteurs participent à la fête annuelle du 4 août. La messe est célébrée dans l’ancienne abbaye dans un sentiment de paix au milieu des pierres sacrées.






Sourions un peu
Un panneau annonce un café à quelques centaines de mètres, mais… il est fermé définitivement depuis quatre ans. Il n’a pas résisté au Covid !

Limitation de vitesse à 80km/h alors que deux voitures ne peuvent pas croiser. Même le bipède doit se faire le plus petit possible pour laisser passer le véhicule.

Cherchez l’erreur. Il n’y a rien et jamais rien eu dans le secteur !

Une manière comme une autre de sécher ses bottes !


Nouvelles de mon défi, premier semestre 2024
Au moment où ces lignes vous parviendront, j’aurai parcouru près de 960 km. Pour rappel, le produit de ces kilomètres (1€ par km) sera attribué pour moitié au gîte El Jire à Montpreveyres (VD) et aux Light Houses à Dublin gérées par l’Armée du Salut qui accueillent les personnes sans abri. Si vous souhaitez soutenir ces deux projets, n’hésitez pas à me le dire et je vous communiquerai la manière de procéder. Merci d’avance.
Merci pour vos commentaires encourageants sur mon blog, par courriel, WhatsApp ou par téléphone lors de ma dernière publication. A bientôt pour d’autres aventures.
Amicalement.
Denise
Superbe reportage.
Merci Denise pour cette belle leçon d’histoire et très intéressant de découvrir cette féministe.
Les photos sont très belles et la pointe d’humour des dernières est très plaisante
Coucou Denise,
J’ai eu du plaisir de lire l’histoire de cette féministe et les photos sont magnifiques.
Une belle journée, bisesssss
Coucou Denise,
J’ai lu et relu avec un très grand plaisir tes commentaires et admiré les photos. Bravo !
Je t’embrasse et te redis à bientôt peut-être !
Yvette