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Achill Island, la plus grande île d’Irlande avec ses 24km de large et 19 de long, est située au nord-ouest de la terre ferme. Elle est reliée à la terre ferme par un pont construit en 1886 qui se trouva en bien mauvais état dans les années 1930. En 1939, le Conseil du Comté de Mayo décida d’en remplacer la partie centrale. Le pont Michael Davitt, prévu pour le passage des chevaux et des chars et non pour des voitures de plus en plus nombreuses, connut à nouveau de graves problèmes. C’est ainsi qu’en 1947 la construction du pont actuel débuta mais prit beaucoup de retard dû aux mauvaises conditions météorologiques. Il fut terminé en janvier 1949. C’est manuellement qu’il peut être levé pour laisser passer les petits bateaux.

Si vous êtes en voiture, vous pourrez parcourir cette superbe île sans problème et vous extasier devant de superbes points de vue. Quelques belles plages vous permettront de vous baigner ou de faire du surf. Si vous décidez de faire une petite randonnée, ici et là vous pourrez vous reposer et pique-niquer aux endroits prévus. Vous risquez de rencontrer des moutons qui pourront rester un moment au milieu des petites routes et vous attendrez qu’ils veuillent bien se retirer et vous laisser passer. Les plus chanceux pourront peut-être apercevoir des phoques à quelque distance du rivage.

Au mois de mai, vous serez ébloui.e.s par des rhododendrons à perte de vue. Pour moi, ce fut vraiment un moment rempli d’émotion, de reconnaissance de pouvoir vivre de tels moments.

Aujourd’hui, je vous invite à me suivre dans la découverte d’un village abandonné, The Deserted Village, situé au pied de la montagne Slievemore, deuxième plus haut sommet de l’île à une altitude de 671m. C’est au village de Keel que le bus de ligne m’a déposée après un voyage de 1h40. A ma question de savoir si je suis sur le bon chemin menant au Deserted Village, un gentil monsieur me dit de continuer tout droit jusqu’au cimetière, soit environ 2km. A distance raisonnable, je peux admirer sur ma droite le Lough Keel et devant moi, je distingue le cimetière.

L’atmosphère du village n’est pas courante. Eloignées de toute habitation, les ruines d’une centaine de maisons sont alignées nord-sud et parallèles les unes aux autres. De forme rectangulaire mesurant généralement 7m de long et 4,75m de large, elles ont été construites en pierre sèche, donc sans mortier, et auraient présenté des toits de chaume. La plupart n’avaient qu’une porte pour la lumière et l’aération, et aucune fenêtre. Chaque maison dont les murs mesuraient 75 cm d’épaisseur, se composait d’une seule pièce qui servait de salon, de chambre à coucher, de cuisine et même d’écurie. Eh oui, même si quelques familles pouvaient avoir une petite étable construite à l’extrémité de leur maison, la majorité d’entre elles devaient partager leur lieu de vie avec les vaches et autres animaux d’élevage. Les lits généralement faits de bruyère et de joncs étaient posés sur des dalles de pierre.

Ce village qui n’a jamais reçu de nom – cela fait partie de son mystère – aurait été habité à différentes époques de l’histoire. Selon des recherches historiques, il semblerait que ce lieu date au moins du 12e siècle mais des tombes à proximité du village datant du 3e ou 4e siècle avant Jésus-Christ indiquent que la région aurait été habitée il y a 5000 ans.

C’est à la fin des années 1800 que le village a été délaissé en tant que «résidence permanente». Les habitants ont choisi d’y vivre uniquement l’été lorsque les moutons et le bétail profitaient de l’herbe fraîche sur les flancs de la montagne. Ils vivaient à Dooagh, au bord de l’Océan durant les mois d’hiver. Le village a été progressivement abandonné en raison de nombreuses expulsions dues au non-paiements de loyers à la Mission Achill, mouvement dirigé par le Révérend Edward Nangle dans le but de coloniser l’île d’Achill pour la foi protestante. La Grande Famine de 1845 à 1849 a aussi été un facteur non négligeable à ce départ.

Depuis plusieurs années, des archéologues tentent de retrouver de nouvelles informations sur ce que fut la vie dans ce lieu. Une deuxième visite du Village sera programmée afin de pouvoir me balader entre les maisons lorsque le terrain sera moins marécageux et que je pourrai voir où je pose mes pieds.

Ravie de ma découverte du jour, c’est un chemin pratiquement rectiligne avec une vue superbe sur l’Océan, qui me ramène au village de Dooagh, dernier lieu desservi sur cette ligne par le bus à raison de six fois par jour en semaine et trois fois les jours fériés.

Merci de m’avoir suivie et à bientôt pour de nouvelles aventures.

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Denise