
Alors que certaines personnes disent que la meilleure résolution à prendre en début d’année, est celle de ne pas en prendre, pour toi Tipi qui a été celui qui m’a aidée à passer de la vie active à celle de retraitée, je prends la résolution de marcher, dans la mesure du possible, en moyenne 5km par jour sur les chemins irlandais et de convertir chaque kilomètre en euro, ceci jusqu’à fin juin 2023.





La somme ainsi cumulée sera divisée par deux et attribuée à :
– Fondation romande pour chiens guides d’aveugles à Brenles, dans le canton de Vaud, qui t’a vu naître et qui, au terme des seize mois de parrainage dans mon foyer, t’a formé pour devenir un excellent chien-guide d’aveugles.


– la Guide Dog School for the Blind à Cork, en Irlande, qui m’a accueillie pour un temps de volontariat dans sa nurserie en automne 2018 comme participation à la formation d’un futur chien-guide d’aveugle, en hommage à toi Tipi qui a fidèlement guidé Domi durant dix ans.


Je me souviens…
Assumer un parrainage signifie un engagement à plein temps auprès du jeune chien qui nous est confié pour lui enseigner dans un premier temps les bases nécessaires pour devenir un chien bien dans ses patounes. Tout au long du parrainage, nous avons participé pratiquement à tous les cours organisés par la Fondation chaque quinzaine à Lucens. Nous avons pris le train, le bus, le bateau et parfois une voiture pour nos déplacements en Suisse et en France. Tu m’as accompagnée dans les supermarchés, au théâtre, à l’Eglise, au restaurant, à des concerts, toujours revêtu de ta belle chabraque bleue avec un L sur le dos, signifiant que tu avais le droit d’entrée partout. Il t’est pourtant arrivé de ne pas être le bienvenu dans un restaurant et une boulangerie dont la vendeuse a maintenu, après mes explications, que même une personne handicapée de la vue, accompagnée de son chien-guide, ne serait pas admise et qu’elle devrait s’en accommoder ! Réaction choquante et triste.

Alors que nous débutions notre temps de parrainage, on m’a demandé d’accompagner un groupe d’étudiant.e.s du Séminaire de culture théologique à Lausanne. Ce furent dix-huit samedis durant lesquels tu as dû apprendre à rester calme, à côtoyer quelques personnes qui n’appréciaient pas forcément ta présence mais qui, au fil des séances, se sont rapprochées de toi, et ont eu du plaisir à te voir grandir en taille et en sagesse.
En relisant les 90 pages du journal de bord que je t’ai consacré, je constate que tu as été un chien hyper dynamique qui a eu de la peine à comprendre pendant les premières semaines de notre vie commune que la nuit était faite pour dormir. Je ne compte pas les nuits où tu m’as réveillée vers 3h parce que tu n’étais plus fatigué et que tu voulais partir en balade ! Par contre tu as appris très rapidement que les staccas se faisaient sur la grille ou dans le caniveau. Je souris en me souvenant que nous pouvions faire une heure de balade en forêt sans penser à te soulager et que tu t’empressais de trouver une grille lorsque nous regagnions la route ! Apprendre à ne pas tirer en laisse et ne pas sauter sur les gens a été difficile, mais avec patience, on y est arrivé.
Comme tout Labrador qui se respecte, tu ne manquais pas de manger tout ce que tu trouvais dehors : crottes des copains chiens, gravillons et j’en passe. Un jour, le vétérinaire a dû te faire vomir afin de s’assurer que tu n’avais pas englouti un certain chiffon que je ne trouvais plus. Ton estomac a rendu une multitude de petites choses qui n’avaient rien à y faire : trombones, petits bouts de bois, petits cailloux… mais il n’y avait pas de chiffon, heureusement.
Alors que l’odorat du chien est environ trente-cinq fois supérieur à celui de l’humain, tu en as profité un jour d’été alors que nous remontions la Mèbre, pour prendre les pattes à ton cou, et aller piquer une saucisse sur un barbecue cent mètres en contrebas. Moment de solitude pour moi.
Ne parlons pas des fontaines ! Aucune ne t’échappait. Qu’elles soient grandes ou de 50cm de diamètre, il fallait que tu sautes dedans.
Que de balades nous avons faites avec ta sœur Troya et sa marraine ! Vous aviez un tel amour l’un pour l’autre que vous passiez votre temps à vous faire des bisous et à jouer. Lorsque l’heure de la séparation sonnait, tu pleurais durant de longues minutes.

Tu avais aussi un amour particulier pour ta copine Alika qui parfois aspirait à un peu de calme alors que toi tu ne demandais qu’à jouer.

Le 9 décembre 2011, nos chemins se sont séparés pour poursuivre ta formation. Après avoir obtenu ton diplôme de chien guide haut la patte au terme de neuf mois de formation, nous nous sommes revus. Accompagné de ton instructeur Gabor, tu nous as montré durant une trentaine de minutes, alors que nous te suivions à bonne distance, tout ce que tu avais appris pour être un excellent chien guide. Que d’émotions ce jour-là et que de reconnaissance pour tout le travail accompli. Le but était atteint. J’étais fière de toi Tipi.

Un mois plus tard, tu partais pour la Haute-Savoie. Tu as fait la une du journal Le Messager : « Tipi, le chien qui guide les pas de Dominique ». Ce dernier souhaitait un chien dynamique. Il a été comblé. Tu l’as non seulement guidé en toute sécurité entre autres dans les rues de Bonneville jusqu’à son cabinet de kinésithérapie, mais avec lui et sa famille, vous avez gravi les montagnes savoyardes. Durant plusieurs années tu as aussi couru une à deux fois par semaine avec ton détenteur et d’autres personnes. Tu as été un guide, un compagnon de route, un ami pour Domi. Il disait « Tipi est un chien très curieux, vif, d’une intelligence incroyable et très sage. Et le lendemain de ton départ il m’a dit que tu as été un chien merveilleux. Quels beaux compliments !





Nous nous sommes revus à deux reprises durant les dix années que tu as guidé Domi. Je le remercie, lui et sa famille, d’avoir gardé le contact avec moi, de m’avoir envoyé des photos et de m’avoir également informée de ta maladie. Je n’ai pas eu le bonheur de te revoir l’été dernier et c’est mon plus grand regret. Tu as été accompagné par ta super famille jusqu’à ton dernier souffle le 24 décembre dernier et cette présence n’a pas de prix. RIP Tipi. Je ne t’oublierai jamais.

Ta marraine
Très beau texte émouvant ❤️
Oui Denise, une découverte pour moi ! Je viens de regarder ces images et ces textes et je les ai admirés. Les chiens sont de merveilleux compagnons. Merci.
Par ailleurs, il me semble que tu te trouvais à Lausanne. Si tu reviens en Suisse, dis-le. Tu pourrais peut-être faire un saut jusqu’à Signy ???
Affectueux messages à toi et Philippe et Patric aussi.
Chère Denise, j’ai ressenti beaucoup d’émotions en lisant ton hommage à Tipi.
Merci et bon courage à toi.
Chère Denise,
Quel bel hommage à Tipi, j’en suis toute émue!
Merci pour ta belle écriture, vivante et pleine de sensibilité.
Martine
Coucou Denise,
Quels souvenirs qui me reviennent en lisant ton hommage à Tipi. C’est très émouvant et j’arrive à me rappeler tous ses bons moments et ses promenades qu’on a partagé avec Tipi et Troya. Des souvenirs inoubliables.
Une belle soirée et un bon week-end. Bises 😘
Merci Denise pour ce texte plein de sensibilité et de tendresse.
En évoquant les instants heureux passés avec Tipi, les caresses échangées, les précieux moments de complicité, tu as contribué à remplir le « coffre aux trésors » de vos souvenirs communs.
Amitiés.